Ce n’est plus un secret pour personne, car c'est une stratégie assumée depuis l’avènement de l’ère Nadella et confirmée d'année en année : Microsoft est devenu le plus grand défenseur de la cause de l’Intelligence Artificielle. Celle-ci était déjà le coeur de la thématique de l’édition 2017 de Microsoft Experiences - excellement couverte notre ami Solon - et c'était également le cas pour cette édition 2018 à laquelle j'ai eu la chance de participer.
Cette année encore, à l’occasion des journées Expériences18 tenues à Paris les 6 et 7 Novembre et proclamées "événement de l'intelligence numérique", Microsoft a réaffirmé son ambition d’en être un grand acteur majeur, voire contribuer à faire de la France ni plus ni moins « la championne de l’IA ». Par quels moyens ? Pendant que certains d'entre vous vont ! (re) découvrir à leur tour les joies de la mise à jour d'"Octobre" qui vient tout juste redéployée, voici la synthèse des réponses obtenues lors de ces journées que j'ai eu la chance de découvrir pour la première fois en tant que moi même et de couvrir pour la première fois pour le compte de Monwindows !
2018 : l’année de consécration de la nouvelle stratégie de Microsoft
Expériences18, était d’ailleurs the place to be pour les aficionados et Microsoft a frappé fort : 13000 participants - en légère baisse par rapport aux 15000 de la version précédente, mais composé d'un public largement acquis à la cause. Viennent ensuite les conférenciers de renom dont entre autres Joe Belfiore, Julia White, Carlo Purassanta, Laurence Lafont etc, et d'autres éminences du monde de la nouvelle technologie. Si à cela on ajoute 150.000 vues du live, et un hashtag en trending topic durant les deux journées, ainsi qu'une organisation sans failles, on peut dire que Microsoft a transformé l’essai et l'euphorie de l'ambiance start-up était bel et bien présent, dans tous les esprits et toutes les allées des différents étages entièrement dédiés du Palais des Congrès.
Dès son discours d’ouverture en plénière, le Président de Microsoft France a d'emblée tenu à rappeler le contexte – pour ceux qui auraient encore des doutes – en réaffirmant que la stratégie de la Firme est manifestement la bonne, comme le prouvent les excellents résultats financiers qu’elle avait récemment publiés. Il a bien insisté sur le fait que la période actuelle est celle d'une croissance exceptionnelle pour Microsoft, après des années de doute et d'atermoiements - on a compris le message et bien évidemment cela ne visait officiellement personne en particulier. Mais il a un peu moins souligné le fait que cette croissance est surtout portée par les services Cloud, et notamment Windows Azure, qui a augmenté de 76%, contre les modestes 3% d'augmentation des revenus Windows 10 Pro, chiffres qui n'ont bien évidemment aucun lien avec le départ de Terry Myerson, qu'on pensait éternel responsable de la division OS à Redmond. Mais ça tout le monde le savait déjà (un peu) et ne comparons que ce qui est réellement comparable.
Ce qui est intéressant en revanche, c'est que le message était tout sauf anodin lorsqu'il est prononcé en intro d'une Expériences18 consacrée à l'IA, car en faisant le lien entre le succès stratégique et le programme en matière d’Intelligence Artificielle qui était le thème même de ces deux journées, Microsoft entend marquer la fin de la transition à 180° opérée depuis quelques années. Car oui, il faudra admettre que, malgré des changements qui ont pu être - et le sont d'ailleurs toujours certains - durement ressentis par les utilisateurs « traditionnels » des produits (notamment grand publics) de la marque, on a nettement ressenti lors de ces journées une ambiance de transformation. Expériences18 constituaient la consécration définitive de la nouvelle orientation de Microsoft tel que nous avions appris à connaître depuis maintenant quelques années, une firme résolument orientée vers les services Cloud, et bien évidemment aussi vers l’Intelligence Artificielle, dans laquelle elle s'investira donc de toutes ses forces pour, encore une fois, "permettre à la France (et aux autres pays?) d'aller vite dans la transformation numérique en cours".
Microsoft investit massivement dans l’IA en France...
Durant cette même plénière, le catalogue des dispositifs associés est à la mesure de l’ambition affichée : Microsoft rêve, et le répète à l'envie, de voir la France devenir rien de moins qu'une « nation de l’Intelligence
Artificielle ». Cela implique-t-il que dès qu'un nouveau produit ou une innovation arrive, on verrait l'IA planquée quelque part? Et bien nous n'en sommes pas loin. M. Purrassanta a ainsi évoqué des actions tous azimuts
mises en place par la firme, qu’on peut résumer en trois axes, qui permettent aisément de se rendre compte de l'ampleur des visées de l'entreprise en la matière.
- D'abord, elle apporte son appui en terme d'étude d’impact de l’IA dans tous les domaines de notre vie courante, et ce, dans le cadre du « collectif Impact » qui, avec plusieurs clients et partenaires, organise des études, des conférences, des analyses à grand renfort de sociologues, de psychologues, et tout un panel de spécialistes ou simples consommateur, afin d'identifier comment la société - et donc les consommateurs - réagissent à cette idée d'IA "partout".
- Ensuite, elle affirme vouloir apporter un appui plus que généreux à l’innovation en matière d'IA, avec un budget de 115 Millions d’euros destinés à aider les start-ups qui investissent dans l’IA en partenariat avec l’INRIA et la Station F. D’ailleurs s’il y a parmi nous des intéressés, Purassanta a lancé un véritable appel à candidature, car le spectre couvert est large : il va des projets relatifs à la santé, en passant par l’humanitaire et ce, jusqu’au financement de jeunes participant au service civique.
- Enfin, l'entreprise a déployé toute son énergie pour le développement des compétences en matière d'intelligence artificielle, avec la mise en place des toutes jeunes « Ecoles IA » Microsoft la première Paris depuis Mars 2018 et la dernière en date celle de Castelnau-le-Lez depuis le mois d'Octobre. Microsoft entend ainsi « donner l’opportunité au plus grand nombre de se familiariser » avec l’Intelligence Artificielle, car - insiste M. Purassanta - ces écoles ne sont pas destinées aux jeunes ou moins jeunes qui veulent se spécialiser, mais s'adresse aussi aux professionnels en reconversion, voir à toute personne qui souhaitent acquérir une compétence en la matière.
...dans presque tous les domaines d'activité !
Les Expériences18 étaient donc l’occasion pour les entreprises et les start-ups concernées d’exposer leurs produits/innovations en lien avec l’IA. Lors du parcours immersif guidé par Eneric Lopez, Directeur IA et Développeurs Microsoft France, j’ai pu apprécier la démonstration de solutions vraiment innovantes comme celles Hol’Autisme d’Actimage, qui, grâce à Microsoft Hololens, permet d’aider les personnes autistes dans leur scolarité grâce à la réalité mixte. J’ai aussi eu la chance de voir le produit smartARM conçu par les lauréats de l’Imagine Cup 2018 : une prothèse guidée par l’intelligence artificielle, et qui permet aux personnes handicapées d’effectuer des gestes du quotidien comme manipuler des objets. On aussi vu ce drone de la SNCF qui, avec une belle démonstration de machine learning à l’appui, permet d’effectuer un diagnostic à distance de l’infrastructure ferroviaire afin d’identifier les éventuelles défaillances, la reconnaissance de signature d’Adobe, ou la reconnaissance faciale intégrée lors d'une expérience d'achat en ligne par le scan de votre photo lors de l'achat et qui vous permet d’être reconnu et bénéficier d’un accueil personnalisé lors de votre passage en boutique.
Mais que pensent les Français de l’Intelligence Artificielle ?
L’ambition est-elle démesurée ? Il semblerait que non, car d’après les résultats d’un sondage IFOP réalisé pour l’occasion, et contredisant une information quelque peu répandue, l'opinion publique serait moins hostile qu'on le croyait. Les résultats de ce sondage, publié lors d'un point de presse spécialement organisé pour les partager, nous apprend ainsi que 88% des Français « connaissent ou ont déjà entendu parler de l’Intelligence Artificielle », contre 12% qui affirment le contraire, et que parmi ceux-ci, 73% ont une « bonne opinion » de l’IA et 63% « font confiance ». A première vue, ces chiffres sont excellents, pour une innovation aussi jeune, et dont les répercussions réelles et à grande échelle sur la vie quotidienne ne seront réellement perceptibles que dans quelques années.
En lecture inverse toutefois, cela fait tout de même près du tiers d’inquiets sur l’échantillon, et si on le porte au nombre total de sondés, il augmente à 36%, un pourcentage tout de même non négligeable, même si durant toute la conférence, on a bien compris qu'il fallait insister sur le pourcentage de ceux qui faisaient confiance. Pourtant, les sujets d’inquiétudes démontrés par le sondage sont nombreux et toutes légitimes, les principaux étant l’impact sur l’emploi mais aussi la dépendance technologique et la perte du contrôle des machines par l’humain.
Qu’à cela ne tienne, Microsoft est décidé à appuyer le sujet, et ses initiatives comme le programme AI for Good indiquent à qui veut l’entendre que la firme a entendu les inquiétudes, et proclame son leitmotiv d’une IA « responsable et au service de l’humain ». D'ailleurs, Laurence Lafont a rappelé son attachement aux travaux du collectif Impact pour analyser les retours et les ressentis des consommateurs, afin de de définir un IA "éthique". Petit problème, et votre serviteur n'a pas manqué l'occasion de le lui faire remarquer : ce collectif est un cercle privé mise en place par des entreprises privées et donc les rapports sont gérés, modérés et façonnés par des privés. J'ai donc demandé quels étaient les liens de ce comité avec les pouvoirs publics, afin de m'assurer que la démarche d'IA éthique n'aboutirait pas à une convention toute privée qui n'engage que la bonne volonté de ceux qui y adhèrent. La réponse est qu'effectivement, il n'y a "aucune interaction actuellement entre ce comité et les pouvoirs publics", et c'est bien dommage pour un domaine aussi sensible, car qu'on le veuille ou non, l'IA a des impacts sur notre vie quotidienne, sur la réglementation, sur la vie privée, comme par exemple les caméras de vidéo-surveillance dotée de reconnaissance facile et une multitude d'autres exemples qu'on ne saurait citer ici.
Hey Cortana, étais-tu aux Microsoft Expériences18 ?
Tout ça est
bien beau, mais comme end user lambda des produits Microsoft, une question me
taraudait quand même et j’ai fini par la poser : est ce que Cortana fait (toujours)
partie de la stratégie IA de Microsoft ? Réponse de Laurence Lafont :
oui Cortana fait toujours partie de cette stratégie. Content de cette réponse
malgré son caractère bref et lapidaire, je n’ai pas relancé le sujet malgré mes
doutes. Mais voilà que sous couvert d’anonymat, un membre du personnel présent
m’a partagé les mêmes doutes et indique, bien que rien d’officiel, que même si
Microsoft conservera le principe IA et le moteur qui en est à la base, l’avenir
de la personnalité de Cortana comme nous la connaissons actuellement comme
assistante, n’est plus assurée.
Je n’avais pas forcément compris ce qu’il voulait me dire, mais à peine sorti du palais des Congrès, j’apprends le départ du responsable de la Division Cortana de Microsoft, et quelques jours avant la rédaction de cet article, Arnaud nous a partagé la séparation prochaine de la fonction recherche de Windows à la fonction assistante de Cortana. Cela à peine quelques mois après l’arrivée d’Alexa sur Invoke, et quelques jours avant qu’on apprenne l’apparition de la même Alexa sur le Store. Tout ceci, pendant que certains - comme moi - attendent (sans doute vainement) la disponibilité d'un Cortana en français-France sur les Smartphone Android, et dont le développement ne semble guère être la priorité du moment. Des signes que nous avons appris à reconnaître en tant qu’observateur de Redmond, et qui ne trompent plus personne. Alors Cortana, quelle météo annonces-tu pour 2019 ?
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