[Dossier] De la gratuité applicative à la monétisation du Web

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Si nous ne sommes pas les premiers à revendiquer l'importance de rémunérer, d'une façon ou d'une autre, les développeurs... finalement, si on fait les comptes, le rapport "conception d'application" et "viabilité de l'activité" peut sembler parfois déséquilibré. Ainsi, que l'application soit gratuite ou non pour le consommateur, le développeur doit pouvoir gagner sa vie pour pouvoir s'investir pleinement dans ses projets applicatifs et proposer si non pas un grand nombre de production, un certain standing de qualité et d’adaptation à la plateforme concernée. En réalité, on découvre que le nombre d'applications gratuites est, et sera, de plus en plus élevé. 

Selon l'agence Gartner, d'ici à 2017, les applications gratuites, tout OS confondu, représenteront près de 95% des stores (cela devrait représenter un total de 254 milliards de téléchargement, une pure folie). Ainsi, si l'offre est d'une richesse inouïe (bon, oui, moins sur Windows Phone), la case "applications payantes" fait réellement partie d'une petite minorité. Et la tendance continuera donc de s'accentuer

La question est donc simple : comment arriver à avoir un secteur applicatif vivant et progressif si tout ne coûte rien ? Tout d'abord, même s'il s'agit d'une gouttelette dans la marre d'applications, les applications payantes rapportent gros, mais à qui ? À certains acteurs majeurs du milieu seulement. Prenons l'exemple de l'App Store d'iOS qui a profité d'un revenu généralisé de dix milliards de dollars en 2013. Ces acteurs justement posent un souci... puisqu'il s'agit de tout sauf de petits artisans qui génèrent des concepts originaux ici et là depuis des années sur les Stores. 

Mais même les applications gratuites rapportent des sous. Plusieurs modèles économiques existent et vous en connaissez certains dont le fameux free-to-playCe dernier donne une impression de pleine gratuité alors qu'au final la frustration et l'envie de progresser feront rapidement basculer l'utilisateur dans une monétisation plus importante que s'il avait payé un prix fixe à la base. Ainsi, la raison d'une gratuité - d'apparence - des applications ne concerne pas que ce marché mais s'étend à toute la sphère du Web. Pourquoi ? 

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En fait, la gratuité du Net est très particulière. Cette économie du gratuit est basée sur des coûts de productions dérisoires grâce à un numérisation applicable à l'infini. Mais ce n'est pas la seule raison : la concurrence y est plus féroce que nulle part ailleurs. Selon Chris Anderson, auteur de l'ouvrage "La gratuité est l'avenir de l’économie", la gratuité est [pourtant] inexorable. "La (...) diminution des coûts de production de l'économie numérique incitera bientôt les entreprises à donner la majorité de leurs produits" dit-il. 

Ainsi, certains s'amusent à rappeler ce fameux rapprochement avec le Loi de Moore qui, de façon basique, prédit juste que la densité des transistors d'un microprocesseur double environ tous les deux ans. Pour le domaine du stockage, notamment, il va de soi que les coûts diminuent également alors que les espaces s'agrandissent de plus en plus

Si nous connaissons le free-to-play, la gratuité supposée utilise d'autres leviers alternatifs. Au niveau des applications, on parle du freemium qui est, sur le Windows Phone Store, les versions d'essai gratuites. La version payante ayant, bien entendu, bien plus à offrir. Dans ce cas, nous somme encore assez loin de la gratuité au sens propre du terme. Vous êtes cependant les premiers à critiquer l'absence de ce genre d'échantillon, preuve que c'est une chose indispensable aujourd'hui. L'autre modèle est celui de la publicité. L'application n'offre aucun achat intégré, ni version d'essai (ça ne servirait à rien) mais s'avère "parasitée" par de la publicité. Ca aussi, c'est une chose que vous n'aimez pas. 

D'autres formules, comme les subventions croisées, concernant plutôt les téléphones et la réduction tarifaire grâce aux forfaits d'opérateurs téléphoniques. L'économie de don (Wikipédia étant l'exemple le plus explicite) ne s'applique pas non plus au monde applicatif. Bien que cela peut être adapté à des projets où l'on invite pleinement l'utilisateur à fournir du contenu, offrant, ainsi, un avantage comme la gratuité de l’application, simplement. Selon Kevin Kelly, un ancien de Wired, l'argent n'est pas la seule chose qui peut paraître rare. Surtout dans le monde du Web où tout peut être copié. Ainsi, il met en avant l'exemple de la confiance, chose qui ne peut pas (encore) être copiée. Au-delà de la confiance, j'irai jusqu'à évoquer le capital-sympathie, voire la rigueur, de Rudy Huyn au niveau de son boulot applicatif sur Windows Phone. Pour moi, il représente l'exemple même du modèle économique du coût marginal nul. On retrouve cela dans la musique, notamment. On offre, dans une certaine mesure, en espérant avoir un retour sur investissement, d'une manière ou une autre. Bien sûr, ici, pour les applications de Rudy Huyn, c'est encore un peu différent. En effet, ses applicatifs sont toujours proposées en deux formats : une version entièrement gratuite avec ajout de publicités et une version (souvent à moins d'un euro symbolique) exempte de toute promotion. Ainsi, je ne pense pas qu'un modèle seul soit idéal. 

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Kevin Kelly s'est toutefois permis de classifier ce qui, aujourd'hui, permettait de se différentier dans ce marasme de données qu'est le Web et le monde numérique. Ainsi, il évoque huit valeurs. Par exemple, il dit que l'immédiateté est une valeur marchande. C'est le cas, pour nous, au niveau de l'actualité. Si vous êtes ici, parmi nous, c'est parce que nous sommes les plus rapides (bon, oui, c'est notre souhait, dans tous les cas). On parle également de personnalisation. Le fait qu'une application soit bien adaptée à l'interface Windows Phone donne une plus-value singulière. Un éditeur officiel faisant un simple portage d'un service pourra rater le coche car son service ne sera pas personnalisé à l'environnement ciblé. Rudy Huyn l'a également bien compris et a décidé, depuis de nombreux mois, d'une part, de combler le gap applicatif reconnu sur l'OS, d'autre part, de proposer des applications particulièrement adaptées à notre écosystème (design flat, fonctionnalités propres à Windows Phone, etc.). 

Kevin Kelly évoque également le mécénat. Mais ici je ne suis que moyennement d'accord. Je vous explique : ce dernier est convaincu que l'audience a le désir de payer les créateurs mais, que pour cela, il faut que ça soit aisé. Il pointe ainsi la démarche du groupe de musique Radiohead lorsqu'ils ont décidé de mettre à disposition, gratuitement, l'un de leurs albums. Cela en attendant que des fans viennent leur payer un petit quelque chose, selon leur appréciation. Pour une raison qui m'est inconnue, les consommateurs d'applications n'ont pas vraiment ce genre de comportement. On part, directement, sur une consommation qui s'est faite sur la gratuité ou, du moins, sur des tarifs particulièrement bas. "C'est faux, il existe des applications de ce type" vous allez me dire. Et effectivement, certains développeurs comptent sur l'attractivité de leur dur labeur pour espérer déclencher un comportement d'achat post-acquisition. Nous n'avons cependant que peu de visibilité sur la pertinence de la démarche. Si vous êtes développeurs et que vous avez travaillé comme cela, n'hésitez pas à nous partager votre expérience. 

Pour conclure, est-ce que l'avenir des applications est à la pleine gratuité ? Je n'en suis pas sûr. Du moins, si le coût à payer n'est pas direct, il se fera sentir à un moment donné. Tout ce que j'ai écris ci-dessus n'est en rien cloisonné ainsi l'on peut avoir confiance pour le travail d'un développeur et contribuer à sa manière à la survie et l'évolution de l'application et faire perdurer les possibilités et les envies de production de la part du développeur. Pour vous, le nombre d'applications gratuites en pleine progression, encore et encore ? Comment imaginez-vous le Web et le numérique de demain à ce niveau ? 

Source : techcrunch.com , internetactu.net

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